Écrit par William Fournier.
Il y a quelques semaines on vous partageait un article sur le bioplastique en présentant les différents mythes et réalités concernant ses propriétés écologiques dans le monde de la mode. Nous avons pensé que pousser le sujet davantage pourrait être une bonne idée afin de réellement faire le point sur son utilisation dans l’industrie textile et des retombées qui en découlent. Par le fait même, on voulait vous présenter un autre facteur concernant les méfaits des plastiques recyclés, tel que le PET, qui est omniprésent dans notre consommation. Sa terminologie aux apparences vertes et bonnes pour l’environnement en est tout autre lorsque l’on observe le sujet dans son ensemble.
Avant toute choses, retraçons un portrait de ce qu’est le bioplastique et le PET.
Le PET ou si l’on préfère, le polyéthylène téréphtalate, est l’un des sept plastiques pouvant être recyclé. Ce plastique se retrouve en majorité écrasante dans les bouteilles en plastique servant de contenants à jus, eau ou autres liqueurs. C’est le plastique qui se recycle le mieux, mais qui ne peut être mélangé à d’autres types de plastiques dans le bac à recyclage usuel. Son tri doit se faire de manière consciencieuse puisque les compagnies de recyclage ne prennent plus la peine de les trier. Si on vous parle de PET dans cet article, c’est entre autres parce qu’il est un plastique réutilisé dans la fabrication de nos vêtements, mais qui dit polyester recyclé ne dit pas nécessairement non dommageable pour les êtres vivants et l’environnement.
Le bioplastique quant à lui est un plastique dont le pétrole est remplacé par une matière organique qui se veut renouvelable. On parle donc de plastique fabriqué à base de canne à sucre, de betterave ou encore de maïs. Ce substitut représente présentement 1% du marché concernant les fibres textiles et on vise un marché équivalent à 36% en 2024. Le problème avec le bioplastique c’est que son utilisation comme unique composante est pour le moment impossible. En effet, il doit être mélangé à un plastique à base de pétrole pour être utilisable dans la confection du polyester vu sa fragilité à l’état brut.
Même si le bioplastique se dit renouvelable, les conditions d’un recyclage dans les règles doit être implanté dans l’industrie et on doit avant tout réduire la production avant de songer à recycler davantage.
Toutefois, il est toujours bon de rappeler que même si nous ne résolvons pas le problème de la pollution microplastique, l’utilisation du bioplastique contrôlé pourrait aider à une mode davantage écologique qui ne dépendrait plus des fibres synthétiques pour subsister. Cependant, il est important de souligner qu’une bonne gestion des terres agricoles sera nécessaire. La monoculture et l’exploitation à outrance sont tout aussi dommageables pour l’environnement que l’extraction pétrolière. En effet, remplacer des forêts ancestrales par des champs de maïs destinés à la fabrication du bioplastique serait complètement contre-productif.
De plus amples recherches pourraient aider un jour à créer un véritable bioplastique autonome et suffisamment solide pour remplacer le polyester actuel.
Le bioplastique n’est donc pas si biologique que ça si on prend connaissance de ce fait ! Lorsque nous y portons attention, le terme bioplastique est aussi utilisé dans un but de créer un amalgame avec le mot « bio ». Par association, les gens penseront donc que le bioplastique est « bio » alors que le préfixe dans le cas présent signifie simplement que le produit est d’origine naturelle et non au fait qu’il soit biologique.
Les bioplastiques comme le polyester recyclé, considérés comme étant le futur du plastique écoresponsable sont, en vérité, encore trop dommageables pour l’environnement puisque nous ne sommes pas encore en mesure de les utiliser à leur pleine capacité. De plus, une meilleure gestion des déchets doit être faite pour que le recyclage du PET soit optimum.
Il est important de se rappeler que recycler c’est bien, mais que de moins consommer est encore mieux ! Il suffit de penser aux multinationales qui utilisent le polyester recyclé comme argument de vente alors qu’il suffirait bien souvent de réduire la production de moitié pour avoir un réel impact significatif sur l’environnement. Le vrai problème ne concerne pas seulement le plastique en soi, mais surtout la surproduction et sa surutilisation dans le milieu du textile. De plus, le polyester mélangé à d’autres fibres ou composantes (même bio-sourcées) n’est en aucun cas recyclable puisque la technologie actuelle ne permet pas encore de séparer les différents composés d’un tissu. L’article de Thegoodgoods nous rappelle que ce plastique, même recyclé n’est tout de même pas renouvelable et qu’« [1] Il est fort probable qu’un vêtement en polyester recyclé (comme une bouteille en PET recyclé) termine sa vie au sommet d’une décharge sans espoir d’une nouvelle vie. Le PET perd de sa solidité et de sa qualité lorsqu’il est recyclé. Il n’est donc pas recyclable à l’infini. ». C’est cette perte de solidité dans le processus de recyclage qui empêche donc la fabrication de produits 100% polyester recyclé sans ajout de matière vierge. La simple utilisation du plastique recyclé demande donc obligatoirement la production de pétrole brut pour être fabriqué.
La fourrure et le cuir végane, qu’est ce que c’est ?
Bien que mon but ne soit pas d’encourager la consommation de cuir et fourrure naturelle, je me permets tout de même d’apporter un bémol quant à son substitut en cuirette, en fausse laine et en fausse fourrure qui sont tous trois composés de polyester. Les différentes marques de mode utiliseront la terminologie de cuir et fourrure végans afin de rendre plus éthique sa commercialisation, mais la vérité est que ces variants polluent tout autant en relâchant par milliers des microfibres de plastique dans les eaux à chaque lavage et sont donc responsables de la pollution des océans. De plus, rappelons que le cuir végan s’use beaucoup plus rapidement que le cuir véritable et que la propriété antibactérienne naturelle de la laine permet de la laver beaucoup moins souvent que sa copie synthétique.
Il faut bien entendu se méfier du greenwashing lorsqu’on parle de polyester recyclé, de cuir végan ou encore de bioplastique puisque même si ces termes semblent positifs, les multinationales jouent carrément sur les mots pour nous pousser à acheter leurs produits sans mauvaise conscience.
[1] THEGOODGOODS, Le polyester recyclé est-il durable ?, publié le 16 novembre 2020, (En ligne), adresse URL : https://www.thegoodgoods.fr/mode/le-polyester-recycle-est-il-durable/?fbclid=IwAR0ZDyRgXumrW5kDH9dQcckmMXXW4xh-PstW4TGs_I1q1lYVZc7wz-_OkW
Sources :