Ce texte est écrit en écriture inclusive. On n'allège pas l'écriture chez Montloup.
Pourquoi un blogue ?
Étant fortement impactée par toutes ces choses dont on entend parler sur la santé de la planète et des gens qui l’habitent, c’est assez naturellement que je me suis lancée dans une démarche zéro-déchet. J’achète très peu de vêtements neufs et quand je le fais, c’est seulement dans des entreprises que j’affectionne particulièrement pour leurs engagements : production locale, matières naturelles biologiques, designers avec qui nous avons engagé des conversations animées sur l’écologie.
Créer une entreprise qui fabrique de nouveaux produits avec de nouvelles matières premières (même aussi écologiques soient-elles), entrait donc en conflit avec la perception que j’avais du monde et de mes engagements personnels.
J’ai tourné puis retourné le problème pour finir par prendre ma décision : j’aime ce métier, j’aime les gens avec qui je travaille (que ce soit mes client.es ou mes fournisseur.euses) et je crois qu’encourager les gens à aller vers une mode plus locale et consciencieuse nous aider à avancer vers un futur plus sain et respectueux de l’environnement.
Photo : Morgane Clément-Gagnon
Parce que c’est important de mettre des mots sur ce qui nous arrive et de trouver des solutions pour mieux produire et mieux vivre. Le but n’étant pas d’être « parfait.e » mais de tendre vers le « mieux ». Je ne crois pas que l’on va simplement arrêter de produire, mais je crois que l’on peut mieux le faire. On peut mieux le faire en encourageant les producteur.ices locaux.ales, en éduquant les consommateur.ices sur ce qu’illes achètent, en s’informant sur les produits que l’on achète, en achetant moins, mais de meilleure qualité, en achetant de façon utile et non superficielle. Il y a en a des solutions, il suffit de se poser les bonnes questions, de travailler ensemble. Parce que je suis persuadée que nous n’y arriverons pas en restant chacun de notre côté.
Ce que j’aime dans mon métier c’est aussi la partie éducative de celui-ci. J’aime expliquer ce qui se passe dans la production, pourquoi faire tel ou tel choix, qu’est-ce que ces choix impliquent, pourquoi est-il mieux d’acheter du coton biologique plutôt que du coton vierge, etc… C’est donc assez naturellement qu’est venue l’idée du blogue.
Photo : Morgane Clément-Gagnon
En ce début de printemps, j’avais envie de vous partager mes pensées en appuyant mon propos sur un texte fabuleux de Hester Lacey, découvert dans le Viewpoint Colour Issue #07 – Preloved[1].
Ce texte a été révélateur, car il venait mettre des mots sur mes impressions. En provenant d’un magazine de tendance important, il venait prouver que ces mots ne résonnaient pas seulement en moi mais en un tas d’autres personnes du métier, de façon mondiale.
Même sans le vouloir, et ce depuis la nuit des temps, la façon dont on s’habille ou dont on aime s’habiller est, dans la majorité des cas, influencée par l'environnement dans lequel on évolue et en ce qui nous concerne, par la mode et les tendances.
Bien sûr, l’écologie n’est pas en reste.
Oui, l’écologie est tendance.
Quel est l’avenir de la mode ?
N’est-il pas arrivé, le temps de la décroissance ?
Ne serait-il pas temps de tourner nos intérêts vers le bien-être humain et l’écologie plutôt que de se concentrer sur la (sur-)production et l’accumulation d’items dont on n’a pas vraiment besoin ?
On pourrait donner un milliard d’arguments qui démontrent clairement que l’avenir de la planète est en danger si nous continuons dans cette voie. Il est facile de trouver des exemples qui prouvent l’évidence : l’écologie n’est plus un choix, mais un impératif, essentiel à notre survie.
Il y a des alternatives naissantes. Parmi elles, de nouveaux matériaux plus « écologiques », Circulose, Recover, Roïca, … ils sont à l’honneur aux salons comme Première Vision sans que l’on s’interroge vraiment sur leur aspect « écologique ».
Les mots comme « biodegradable », « écologique », « vert » sont si souvent utilisés qu’ils en perdent leur sens premier. La planète aurait besoin d’un engagement mondial pour éviter que ces mots soient utilisés à tort et à travers, qu’ils retrouvent leur sens véritable.
Parmi ces alternatives se trouve aussi celle du recyclage.
Malheureusement, on ne peut pas tout recycler, et très peu de vêtements le sont. Le recyclage a ses limites. Il vient panser un problème sans le résoudre. Parce que recycler use de l’énergie et coûte cher, il ne doit pas servir d’excuse à la surconsommation.
Je ne crois profondément qu’aucun de ces matériaux ou solutions ne pourront sauver l’avenir de la mode sans que l’on s’interroge fondamentalement sur notre façon de produire et sur notre société de consommation qui nous encourage à acheter toujours plus.
Il a un tas d’initiatives environnementales qui se valent, mais est-ce suffisant ? N’est-on pas déjà aller trop loin ? Est-ce que la solution ne serait pas simplement d’arrêter ? De faire mieux avec ce que l’on a déjà ?
Ce qui est alarmant c’est que le nombre de vêtements produits entre les années 2000 et 2014 a doublé (sans que la population ait elle, doublée, bien qu’elle ait augmentée).
Photo : Tissu 100% coton biologique en processus de décomposition - 1 année
"The fashion industry has all this creativity which is currently being used to fuel capitalist system. Why don’t we use it to solve problems and save ourselves instead?”
Sara Anold of XR
Alors, utilisons toute cette créativité pour la mettre au service d’un monde meilleur. Il y a des solutions sous nos yeux qui ne demandent qu’à être suivies.
Réparer - Apprendre (Réapprendre ?) à réparer les vêtements que l’on aime plutôt que de les jeter.
Réutiliser – Pourquoi acheter à nouveau quelque chose que l’on a déjà ? Pourquoi ne pas réfléchir et trouver des solutions pour l’utiliser autrement ?
Réfléchir - Penser à l’impact carbone que possède le vêtement que l’on porte. Rebecca Burgess, dans son merveilleux livre, Fibershed, prouve qu’il est possible de produire de la laine avec un impact carbone neutre.
Repenser - Repenser la vie du vêtement de façon circulaire et non linéaire en prenant en compte la façon dont il est produit, mais aussi dont il est jeté, recyclé, dégradé.
“The new watchwords are not only repair, reuse, remake and reduce but also rethink… and refuse.”
Hester Lacey
[1] Viewpoint Colour est un magazine traitant des tendances couleurs, soutenu par l’entreprise Pantone. On y trouve des articles ainsi que des références de designers et entreprises sur des sujets d’actualité dans la mode. C’est un outil pour la création des collections.